Rabindranàth Tagore « La religion du poète »

« On peut dire qu’en peinture et dans les autres arts, il y a des dessins qui sont purement décoratifs et qui n’ont apparemment aucun idéal vivant et intérieur à exprimer. Cependant ceci peut ne pas être vrai.
Ces décorations dévoilent le motif émotionnel de l’artiste, qui dit :
« Je trouve la joie dans ma création ; c’est bien. »
Tout langage de joie est beauté ; et à ce sujet on doit noter que la joie n’est pas plaisir et beauté simple joliesse. La joie est le résultat du détachement de soi et vit dans la liberté de l’esprit. La beauté est cette profonde expression de réalité qui satisfait nos cœurs, sans aucune séduction que sa propre valeur suprême.
Lorsque dans quelques moments de pure extase nous nous en rendons compte dans le monde qui nous environne ; nous voyons le monde, non seulement comme existant, mais aussi décoré dans ses formes, tons, couleurs, lignes ; nous sentons dans nos cœurs qu’il y a une Unité qui proclame à travers toute chose : « J’ai de la joie dans ma création ».
Quelques images de Claude Monet rassemblées en vidéo:
Claude Monet – Filmed Painting Outdoors (1915)
https://www.youtube.com/watch?v=BJE4QUNgaeg&feature=youtu.be
L’art rend heureux! L’avis du neurologue Pierre Lemarquis
https://www.franceinter.fr/emissions/les-savanturiers/les-savanturiers-10-janvier-2016
Quelques écrits de Sri Aurobindo évoquant la création

« Armé de la parole d’or et l’oeil de diamant,
Sienne est la vision et la prophétie :
Imagier qui coule en forme le sans-forme,
Voyageur et pionnier des chemins de l’autre monde,
Il est le porteur du feu caché,
Il est la voix de l’Ineffable,
Il est l’invisible chasseur de la lumière,
L’Ange des mystérieuses extases,
Le conquérant des royaumes de l’âme. »
Sri Aurobindo Savitri Livre 11 Chant 1
« Tout art procède du sensuel et du sensible, ou le prend comme point constant de référence ; ou encore, à son niveau le plus bas, s’en sert comme d’un symbole et d’une source d’images ; même lorsqu’il s’envole dans les mondes invisibles, c’est de la terre qu’il s’élance ; cependant, tout art digne de ce nom doit également aller au-delà du visible, il doit révéler, il doit nous montrer quelque chose qui nous était caché, et, dans son effet total, non pas reproduire mais créer. Nous pouvons dire que l’artiste crée un monde idéal qui lui est propre, pas nécessairement dans le sens d’une perfection idéale, mais un monde qui existe dans l’idée, l’imagination et la vision du créateur ; ou plus exactement, qu’il projette dans une forme signifiante une vérité qu’il a vue – vérité de l’enfer ou vérité des cieux, vérité immédiate derrière les choses terrestres, ou toute autre vérité –, mais qui n’est jamais seulement la vérité terrestre extérieure. »
Sri Aurobindo La Poésie future